Impact carbone des viandes et produits laitiers

Les protéines sont essentielles dans notre alimentation, mais les aliments riches en protéines, comme les viandes et les produits laitiers, ont une empreinte carbone significative. Ici, nous comparons l'empreinte carbone de ces produits, rapportée à leur contenu en protéines. Un régime végétarien (avec des produits laitiers), est-il meilleur pour l'environnement ? Quelle type de viandes privilégier pour réduire son empreinte carbone ? Testez notre app ci-dessous ! Cet article est une version vulgarisée de notre article scientifique détaillé.

Il existe un consensus scientifique clair sur le réchauffement climatique causé par les activités humaines. Il est dû aux émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l'alimentation, au transport, aux industries, etc. Le plus abondant de ces GES est le dioxide de carbone ( CO2). Pour quantifier l'impact de tous les GES, les scientifiques convertissent les quantités émises en équivalent CO2. La production mondiale de nourriture représente 26% des émissions mondiales totales (13.7 milliard de tonnes de CO2 équivalent). L'élevage animal seul génère 14% des émissions totales. Ceci est principalement dû aux émissions de méthane des ruminants et au changement d'usage des sols (par exemple par contamination des sols). Selon le GIEC , les émissions globales doivent diminuer de 25% (respectivement de 45%) d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 2.0°C (respectivement 1.5°C) par rapport aux températures de l'ère pré-industrielle. Ces objectifs ne peuvent être atteints sans une réduction significative de l'impact carbone associé à notre alimentation. Par chance, certains aliments ont une empreinte bien plus faible que d'autres. Par conséquent, nos choix alimentaires peuvent largement influencer notre impact carbone. Mais quels sont les choix les plus judicieux ? C'est ce que nous explorons ici, en nous limitant aux protéines contenues dans la viande et les produits laitiers.

Représentation graphique de la réduction des émissions de GES nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1.5°C. La production de nourriture (en vert), et l'élevage animal en particulier (en rose), génèrent une part significative des émissions mondiales. La zone grise répresente les émissions associées à toutes les autres activités humaines.

Pourquoi mange-t-on de la viande et des produits laitiers ? Non seulement pour les délicieux plats que l'on peut concocter avec, mais surtout parce que ces aliments contiennent des protéines vitales. Nos besoins en protéines sont au minimum de 0.8g de protéines par kg de poids de corps, soit 50g pour un poids de 60 kg (plus d'infos sur les protéines ici). Au delà de la viande et des produits laitiers, d'autres aliments (comme les poissons et les légumineuses) contiennent aussi des quantités importantes de protéines, mais à ce jour, elles ne représentent pas la majorité de nos apports. C'est pourquoi ici nous nous concentrons sur la viande (de différents animaux), les produits laitiers tels que le lait, les fromages, et les yaourts, et les oeufs. Ces produits ont non seulement un impact carbone très différent mais aussi un contenu en protéines très différent: 100g de poulet contiennent typiquement 20g de protéines alors que 100g de lait (100mL) n'en contiennent que 3g ! Pour comparer ces nourritures il est donc nécessaire de rapporter l'impact carbone au contenu en protéines.

Nous avons étudié avec attention un grand nombre d'études scientifiques pour obtenir cette quantification ( Voir ici notre article détaillé ). Ceci nous permet d'établir un classement des produits, qui est résumé par la figure ci-dessous. Le boeuf, le veau, l'agneau, le fromage et les laits sont les produits les plus impactants, tandis que le poulet, le canard et le lapin ont les empreintes les plus fables. En effet, les ruminants (tels que la vache et le mouton) émettent de grandes quantités de méthane, un GES bien plus impactant que le CO2. C'est une des raisons pour lesquelles la viande de boeuf, de veau et d'agneau a un impact carbone typiquement 10 fois plus important que le poulet. Les produits laitiers ont également un fort impact carbone pour cette même raison.

Impact carbone des protéines contenues dans la viande et les produits laitiers, par ordre décroissant (Téléchargez ici les données de la figure.)

A partir de ces données il est possible d'estimer l'impact carbone de la viande et des produits laitiers dans une diète occidentale typique: la diète Européenne moyenne. La répartition typique de consommation des différents produits conduit à une empreinte carbone de 1.3 tonnes de CO2 équivalents. On explore maintenant des régimes alternatifs et leur impact carbone. Notre hypothèse de travail importante est d'imposer que l'apport total en protéines soit maintenu lors d'une substitution de produit.

Impact carbone de la viande et des produits laitiers pour différents régimes, en maintenant l'apport total en protéines. De gauche à droite: le régime européen moyen contient une répartition de viande et produits laitiers; un régime végétarien (produits laitiers et oeufs); un régime bas carbone contenant des oeufs, du poulet et des yaourts et enfin un régime contenant seulement du poulet, possiblement le régime le moins émetteur (tout en incluant de la viande).

Commençons par étudier un régime (lacto-ovo-)végétarien, qui consiste à remplacer toutes les viandes par des produits laitiers et des oeufs. Evidemment, pour conserver un apport en protéines identique, dans ce régime on consomme plus de produits laitiers. Le résultat est une baisse de l'impact carbone de seulement 25%. Un tel changement alimentaire implique des changements nutritionnels d'autre nature. Par exemple, le fer se trouve facilement dans la viande, mais est absent dans les produits laitiers. D'autres sources de fer doivent être incluses un régime végétarien (par exemple des légumineuses, des graines, certains légumes et des aliments fortifiés).

Une autre option de régime est de ne consommer que les produits les moins émetteurs, ici ce sont les yaourts, les oeufs et le poulet. Dans ce cas, la substitution permet de réduire ses émissions de plus de 50%.

La réduction la plus importante, tout en conservant un apport en protéines constant, est obtenue avec un régime ne contenant que du poulet, du canard et du lapin. Ceci permet réduit les émissions de carbone de deux tiers ! Au regard de l'objectif global (-45% d'ici 2030) ces deux derniers régimes sont donc de bons candidats (et permettraient une réduction de 5% des émissions totales).

L'élimination totale d'un ou plusieurs aliments peut sembler difficile, mais certaines substitutions simples peuvent faire une vraie différence. Par exemple, on peut économiser un quart de tonnes d'émissions de carbone par an, en remplaçant 1 steak de boeuf par un filet de poulet chaque semaine. L'application ci-dessous permet d'évaluer rapidement l'impact d'autres changements simples.

Pour conclure, il est possible de réduire significativement l'impact carbone de son alimentation en substituant des produits laitiers et carnés issus de l'élevage des ruminants par du poulet, des oeufs et d'autres petites volailles. Des subsitutions incluant d'autres sources de protéines (légumineuses, certains produits de la mer) peuvent aussi permettre des réductions de l'impact carbone significatives. Nous nous y intéresserons prochainement (merci de laisser des commentaires sur Twitter si ça vous intéresse!).


et si vous avez d'autres questions... comme que choisir ?

Pour la viande ou les produits laitiers issus de l'élevage des ruminants (le boeuf, l'agneau) le transport représente une petite part de l'impact carbone. La réponse dépend de chaque cas spécifique et notamment de la méthode de production -- par example de la viande d'agneau d'un élevage optimisé néozélandais importé au Royaume-Unito a un impact carbon plus faible que l'agneau produit sur place. Cependant pour les autres viandes et les oeufs la production locale est préférable.

Les données disponibles actuellement suggèrent que la production bio de viandes et de produits laitiers a un impact carbone légèrement supérieur à la production conventionelle, surtout de part le changement d'usage des sols. En effet l'élevage bio nécessite généralement plus d'espace. A ce stade néanmoins, la variabilité des chiffres est grande et plus d'études sont nécessaires pour comparer l'impact environnemental de l'élevage bio ou conventionnel.

Le lait de vache, rapporté à son contenu en protéine Cow's milk appears to be generally less carbon intensive per g of protein than other milks such as goat, sheep and buffalo. This may be due to the fact that cow production systems being more common, they may be more optimized. Comparing milk from different species is only at its early stage, however, and is quite subtle because different milks have varied nutritional content beyond their protein content.

Le contenu en protéines des fromages à pâte dure est généralement plus important (plus de 30g/100g de fromage) que celui des fromages à pâte molle (autour de 10g/100g). Or, la cuisson et l'affinage consomment de l'énergie ce qui augmente l'empreinte carbone des fromages à pâte dure. En même temps, ces procédés génèrent des co-produits comme le beurre, la crème et la poudre de petit-lait qui se partagent l'empreinte carbone totale. En rassemblant des données d'empreinte carbone sur de nombreux fromages, nous avons remarqué que ces deux effets se compensent. Il n'existe pas de tendance claire entre contenu en protéines du fromage et empreinte carbone par gramme de protéine.


Essayez notre application pour trouver l'empreinte carbone de différents régimes :